Aquaphobie
L’aquaphobie est un terme qui au départ désigne la peur irraisonnée de l’eau. Tout au plus pourrions-nous comprendre que l’enfant puisse avoir peur des vagues , qui par leurs forces et le bruit inhabituel qu’ils produisent ont pu le déstabiliser au bord de la plage et l’on contraint à boire la tasse. Un début d’explication serait que l’eau tout en étant palpable, lui fuit entre ses mains, ou que les appuis disparaissent (à savoir les pieds ou les mains sur la terre ne sont plus aussi visibles). Certains parents peuvent aussi transmettre des conditionnements négatifs autour de l’eau.
Cette sensation de peur qui semble au premier abord irrationnelle, est en fait réelle, pour celui ou celle qui l’éprouve. On peut la retrouver et la comprendre chez le bébé qui jusqu'à 8 mois conçoit la présence de sa maman comme faisant partie intégrante de son corps et jusqu’à cette date il ne semblait pas porter ombrage de ses courtes absences. Après 8 mois il se rend compte que ses parents ont une autonomie propre et il craint par-dessus tout cette notion d’abandon qui se manifeste par une angoisse incontrôlable ne sachant plus s’ils s’éloignent de lui pour disparaitre à jamais.
La peur de bébé
C’est de ce type de peur que nait l’angoisse et la méfiance du noir quand il s’agit de dormir sans voir des visages connus (alors que quelques simples précautions peuvent permettre à bébé d’estomper et de dominer cette appréhension, comme le simple fait d’allumer une veilleuse ou d’entrebâiller la porte sur un couloir éclairé). Montrer aussi que la grande sœur ou le grand frère dort également dans le noir peut aussi lui permettre de maitriser ce stress.
Bébé peut avoir également peur du vide, des bruits inhabituels, de la personne inconnue (bébé refuse le regard de l’étranger, baisse les yeux ou se cache derrière la jupe de sa maman), seul ses parents sont capables de le rassurer. (la bonne attitude étant alors de l’amener plus souvent au jardin d’enfant, d’ouvrir la porte aux amis et aux parents, de lui faire partager les jeux avec ses cousins et ses cousines).
La peur de bébé et les jeux
Il est bon de rappeler quelques jeux de la petite enfance de 0 à 18 mois pour comprendre les mécanismes de la peur et comment y faire face:
-Jouer à cacher : le doudou permet à l’enfant de découvrir des lieux inconnus de la maison (comme les placards, les dessous des lits ou des armoires , . . . .) cela afin qu’il n’est pas peur des lieux inconnus.
-Jouer au coucou : ce jeu d’apparition ou de disparition de visages, de mains ou d’objets vont lui ouvrir la voie à la mentalisation ( la personne ou l’objet peuvent rester présent dans la pensée et cela permettra à bébé de supporter l’absence). Bien sûr l’enfant est pendant un court instant désorienté s’il ne voit plus votre visage caché derrière une porte ou une revue, il va chercher ce visage si protecteur et si aimant qui a disparu, et quand il apparaitra de nouveau criant coucou, son attitude va s’irradier d’un rire libérateur d’angoisse). C’est un jeu dont raffole chaque bébé, car il est à une étape de son développement où pour lui n’existe que ce qui se voit, se sent ou se touche. Quand un visage disparait de son champ de vision c’est comme s’il n’existait plus. Mais voilà qu’il réapparait et il comprend, même si cette situation parait surréaliste qu’un objet ou un visage ne cesse d’exister même s’il cesse d’être dans son champ visuel.
-Chanter des comptines qui paraissent anodines pour l’adulte est une activité d’éveil pour bébé par toute la gestuelle qui va avec (la petite bête qui monte qui monte et qui fait guili guili guili ; à dada sur mon cheval; ainsi font, font, font les petites marionnettes; que fait la main ; une poule sur un mur).
Ces quelques exemples peuvent apparaitre anecdotiques au premier abord dans un site de bébé nageur, mais ils démontrent que par le jeu et des activités ludiques il faut faire en sorte que bébé arrive à dépasser toutes les angoisses qui prennent leurs sources dans des situations ou des contextes inconnus et qui déclenchent la peur, dont entre autre cette peur de l’eau en substituant à des sensations désagréables et traumatisantes des découvertes enrichissantes afin que l’aqua-phobe qui sommeille en lui, devienne aqua-phile. Certes ce n’est pas entre 6 mois et 18 mois que bébé maitrisera et comprendra la différence entre la respiration terrestre et la respiration aquatique (inspiration par la bouche et expiration par le nez), mais déjà par l’éveil aquatique et toujours dans la complicité bébé-eau-parents il va découvrir des situations nouvelles (qu’il ne rencontre pas sur terre), qui vont parfois provoquer des pertes d’équilibres, des déplacements différents, des immersions momentanées dans un cadre et avec un matériel adaptés.
La peur transmise par l’adulte</h’>
Une dernière chose à savoir, cette peur peut être inconsciemment transmis par l’adulte (par des signaux émotionnels, des gestes ou intonations de voix , que peut percevoir le bébé) qui veut surprotéger son enfant en se remémorant chaque fois de mille consignes sécuritaires contre un danger hypothétique, ce qui renforce ses doutes et ses angoisses et bébé peut le ressentir dans le visage crispé de maman. Certes la peur n’est pas toujours négative, elle peut être bénéfique et être le signal d’un danger, indiquant la nécessité de se protéger, mais la découverte aquatique dans un petit bain ou un grand bain qui plus est avec des maitres-nageurs éducateurs sauveteurs autour du bassin est une découverte enrichissante et épanouissante dans la complicité maman-bébé.(cette notion de complicité revient souvent dans nos propos, mais elle est primordiale).
La réadaptation aquatique qui permet à l’adulte de retrouver bien être, calme et sérénité pour la retransmettre à bébé doit se faire par une rééducation des adultes qui dans l’eau ont perdu leurs repères terriens sans contact précis avec un élément solide.
A ce titre , il est important d’accorder une place prépondérante au sentiment de sécurité et de plaisir que peut transmettre maman à son bébé (par le regard, par le portage, par le toucher, le langage et l’émulation pour encourager, susciter, éveiller, communiquer toute chose indispensable à tout apprentissage)) dès la première séance aquatique. A ce moment-là , bébé nageur explorera et découvrira un nouvel environnement, jouera avec de nouveaux jouets, se fera de nouveaux amis et acquerra une certaine autonomie.
Pour ce faire, une réunion d’information avant de commencer cette activité d’éveil aquatique est une étape obligatoire, où il faudra insister sur la dimension ludique de la découverte aquatique qui se fera selon le rythme, le désir ou le désintérêt de chaque enfant. Il est primordial de comprendre que cette activité doit se faire à son rythme, à travers son jeu, sa recherche personnelle et ses besoins tout en mettant en place une relation de confiance entre bébé – maman et les éducateurs qui inculquent des situations d’apprentissage dans un environnement structuré et adapté.
Quand la piscine devient un champ de découvertes, de rires, de bruits, et d’explorations multiples grâce aux nombreux ateliers de découvertes avec des frittes des tapis flottants, des ballons, des toboggans, des séances de transvasement d’eau d’un arrosoir à un sceau, des courses, des plongeons, des sauts sous les encouragements des parents et des éducateurs qui veillent, bébé s’exprimera par le geste , il augmentera son imagination, sa créativité et sa curiosité en un mot il se construira dans une eau qui ne lui fait plus peur , mais qui lui permettra de se projeter dans la découverte de nouvelle frontière.